La possibilité de vivre sa vieillesse de manière individuelle s’inscrit dans une véritable crise collective induite par la dépendance qui est en fait une interdépendance : interdépendance de tous les acteurs, des groupes, des logiques sociales, des différentes fonctions et de la possibilité d’exercer les compétences gérontologiques.
La vieillesse survient comme un coup de tonnerre et provoque des réactions diverses allant de l’accablement à la sérénité ; charge émotionnelle qui guide les comportements. Les crises convergent, s’emboitent et deviennent pluridimensionnelles. La perception s’inscrit dans la représentation de rupture, d’accidents de vie, de maladie, de deuils et de ce fait le vieillissement se mesure qu’en termes de pertes. Les représentations s’inscrivent sur l’exclusion. Les ressentis sont le plus souvent sur le registre de l’impuissance et parfois d’un soupçon d’injustice, mais presque toujours dans un tableau d’une grande amertume pour certains et d’une souffrance pour d’autres et pour tous la certitude de ne rien pouvoir y faire et y changer.
Ces éléments éveillent des imaginaires, des comportements, des représentations créant et transformant des émois ; ensemble de situation où les dimensions psychiques et sociales deviennent intrinsèquement liées.
Face à la dépendance, les moyens de défenses des différents acteurs sont hétéroclites et la marge d’adaptation est étroite ; une véritable résistance au changement se met en place et qui conduit à une situation où chacun est enfermé avec ses propres problématiques. Cette situation aboutit à un système relationnel particulier où chacun est dans l’impuissance et dans l’inefficacité. Chaque sujet est envahi par des attitudes défensives : maltraitance de la dépendance, impossibilité de fuir ni de résoudre le problème avec leurs ressources habituelles d’adaptation.
La dépendance apparait alors comme un élément irréductible d’adaptation, un état de fait, une fantasmatisation de la personne et un renvoi permanent de la société ; de ce fait la dépendance devient comme une incapacité et une inadaptation sociale donc une pathologie sociale.