Mais pourtant se pose d’emblée une question : si on affiche la toile de fond du vieillissement, pourquoi alors aujourd’hui du haut de notre 21ème siècle est-il dépeint comme un phénomène catastrophique ?
Dans le langage social il y a un mélange entre fascination et dégoût où le seul accès à l’image des nouveaux retraités représente le sujet social actif et respectable, qui participe activement à l’économie ou encore, le centenaire qui est au summum de ses capacités physiques.
Le vieillissement s’inscrit dans une diversité de représentations le plus souvent négatives.
Le sens donné à l’avancée en âge et au vieillissement n’est qu’une construction sociale. Les cheveux blancs n’ont rien à voir avec des explications de phénomènes biologiques mais avec la façon dont la société les interprète. Le vocabulaire « vieilles », « vieux », « seniors », « 3ème âge », « 4ème âge » traduisent et construisent des processus sociaux.
Faute de penser fondamentalement la vieillesse, on se focalise sur les corps, les statistiques et sur les coûts avec une terminologie sociale qui perd de sa réalité humaine et qui n’offrent comme seules perspectives management et marketing.
Les adultes âgées offrent l’image de ce que personne ne veut à aucun prix devenir et que tout le monde se contente de méconnaitre voire même d’ignorer.
L’image dominante est celle de la dépendance comme si elle en construisait l’expérience majeure ; elle devient un fait social et économique qui se fixe sur des critères médicaux, un objet d’étude essentiellement médical.
Le 09.09.2019
Objet : maison de retraite
Corps du message :
Bonjour, je voudrais vous raconter mon histoire concernant l’entrée (voulue par elle) de ma maman dans une maison de retraite. Nous avons toujours entendu nos parents dire que lorsqu’ils penseraient le moment venu, ils entreraient en institution. Pour ne pas nous « embêter » (nous, les enfants) Bien sûr, rien ne pressait. Un jour, elle m’a demandé de lui « chercher une place dans une maison de retraite ». Je ne comprenais pas, pour moi, elle était bien chez elle, d’autant que nous habitions dans la même maison. Après plusieurs demandes de sa part, je me suis décidée à faire une demande auprès de l’éphad de notre ville. A contre cœur j’ai rempli le dossier mais je ne me résignais pas à le redonner. Et puis un jour, une place s’est libérée. J’ai aidé maman à préparer sa valise, étiqueter ses vêtements. Et le jour décisif est arrivé. Lorsque nous sommes ressortis de la maison de retraite, j’avais un curieux sentiment : pour moi, maman est morte ce jour-là. Je l’ai vécu comme un abandon de sa part. C’était son choix pourtant. Mon métier ne me permettait malheureusement pas de gérer à chaque instant sa sénilité qui s’aggravait de jour en jour. Mais pour moi, elle n’était pas encore trop dépendante et elle était encore « jeune », elle était bien chez elle. Quand j’allais la voir, elle était rayonnante, comme en colonie de vacances, participait à toutes les activités qu’on lui proposait. Cela m’a rassurée, mais j’avais toujours cette sensation d’abandon de ma maman. J’ai mis du temps à accepter.
Je pense qu’il faut se préparer à ce genre d’éventualité. Rare sont les personnes qui souhaitent quitter leur maison, leurs habitudes, leur vie d’avant en toute conscience. Et ce n’est pas si facile pour les enfants de les comprendre. Les enfants doivent eux aussi se préparer à cette éventualité, et respecter le choix des parents.
Voilà, si mon témoignage peut aider.
Bonne journée.
Bonjour à vous. J’ai bien pris note de votre témoignage. Quelques pistes de réponses personnalisées vous seront adressées sur votre messagerie sous un délai de trois semaines.
Bien a vous.
Marie-Noëlle.
Bonjour Madame, quelques réponses à votre témoignage.
Sachez déjà que votre situation est particulière, car ne reflète pas la situation habituelle de départ en maison de retraite. Dans la plupart des cas, la personne âgée émet un ressenti difficile et parfois un refus d’aller en maison de retraite, même si elle pense rationnellement que c’est la meilleure solution de réponse à sa dépendance.
Dans votre cas, c’est vous qui avez eu un ressenti d’abandon, alors que d’habitude c’est la personne âgée qui a ce ressentiment.
La particularité de votre situation c’est que vos parents avaient pensé ensemble leur vieillissement et surtout quand celui-ci deviendrait difficile. Il est vrai que vous avez pu vous interroger ou vous sentir désemparé car vous ne savez pas au fond, si cette décision était une solution de continuité de vie pour vos parents où la seule possibilité pour ne pas vous la faire subir (pour ne pas vous embêter). Ce qu’on peut voir dans votre témoignage, est que vous n’êtes pas encore à ce jour sûre de la motivation du placement, mais que parallèlement il signait une grande sérénité de la part de votre maman. Pour vous, cette demande de placement a été difficile, car vous n’avez pas été amené à participer à ce choix, à le penser pour pouvoir l’accepter, vous aussi. C’est pourquoi elle vous conduit encore à ce jour à des questionnements, sérénité ou fatalisme? Cette représentation que vous aviez de votre maman, que vous trouviez encore jeune, pour prendre cette décision. Une vrai différence de représentation de la situation, votre maman se trouvant vieille pour aller à la maison de retraite (inquiète de l’augmentation de sa sénilité?) et vous la trouvant encore jeune et dans sa place à vos côtés.
Puis au placement s’est ajouté, d’autres sentiments à votre égard; l’ambivalence entre la voir rayonnante et le fait qu’elle ne pouvait plus l’être avec vous et que votre manque de disponibilité dans votre travail ne pouvait plus vous faire vivre le plus souvent. Ce ressenti ambivalent lui aussi entre acceptation du choix et culpabilité, entre confiance au personnel et d’avoir sa place, entre vie et mort.
Ce qu’il faut savoir c’est que cette étape, est difficile pour tout le monde, elle met en évidence des sentiments diffus et hétéroclites de toutes les personnes, des représentations et des ressentis qu’on ne peut soupçonner chez chacun et qui entrave le vrai ressenti de la situation et l’expérience de la sérénité qu’elle peut procurer.
Vous avez raison cette étape doit être préparée avec la participation de tous les acteurs concernés.
Suivez bien les prochaines news-letters car ce sujet sera traité ultérieurement, il pourra peut-être vous apporter encore d’autres informations.
Bien à vous. Marie-Noëlle.
Si vous pouvez composer des articles plus courts tels
que cela, je serais heureux vraiment. Quoi qu’il en soit, merci beaucoup!
Bonjour à vous.
Je reviens a vous par rapport a votre demande. Je tenais a vous informer que mes articles sont en général grand car ils sont écrit sur un thème précis. Ils contiennent des informations avec des outils qui sont la pour apporter des réponses, une compréhension, donner des outils aider,… Il y aura des plus petits articles prochainement et une nouvelle newsletter. je vous souhaite une agréable journée. Madame Faudot M-N.
Bel article, je l’ai partagé avec mes amis.
Merci énormément pour ce retour. Une agréable journée à vous.